Cet article s’intresse au travail de mmoire, notamment en ce qui a trait la capacit des peuples des Monts Mandara du Cameroun (gnralment dsignes par le vocable ‘kirdi’) de trier et de mettre sous silence certains aspects de leur pass servile, qui pourtant resurgissent lorsque change le contexte de leur mise en silence. L’auteur s’intresse particulirement aux stratgies de refoulement de la mmoire servile travers les mythes d’origine et aux modalits de son apprivoisement par le biais des chants historiques. L’auteur montre aussi comment, dans les annes 1960, les montagnards parviennent prendre une certaine distance par rapport au discours mmoriel ‘officiel’ qui s’vertuait les dfinir comme des refouls et des victimes de l’esclavage, et comment ils lui ont substitu une autre mmoire centre cette fois autour du mythe de la rsistance. Les annes 1990 constitueront un autre point tournant dans le discours mmoriel dans la mesure o, dans un contexte de dmocratisation, les populations travers leurs lites, font merger le pass servile dans le jeu politique national en prenant publiquement une posture victimaire. Ces trois moments mmoriels (refoulement, requalification et instrumentalisation) constituent le socle de cet article et permettent de dmontrer quel point l’coulement du temps de la mmoire, l’oppos du temps de l’histoire, est par nature anachronique. La raison en est que le travail de mmoire est un travail continu de r-interprtation des lments du pass, s’effectuant toujours en lien avec le contexte temporel, lequel dtermine lui-mme la transmission ou le refoulement de tel ou tel aspect. Bibliogr., notes, rf., rs. en franais et en anglais. [Rsum extrait de la revue]